Le Chemin des Dames : une terre de mémoire

Le chemin des Dames est un lieu essentiel de la Première Guerre mondiale. En effet, le matin du 16 avril 1917, s’y tient une offensive extrêmement meurtrière. La bataille  commence le 16 avril 1917. Sous les ordres du général Nivelle, l’armée française tente de rompre le front allemand entre Soissons et Reims.  La bataille dure jusqu’à octobre 1917 et, dans les deux camps, les pertes humaines sont très lourdes.

La Grande Guerre suscite encore aujourd’hui un foisonnement de questionnements. Par la violence inouïe de cette guerre, ce conflit a marqué les esprits et les artistes s’emparent du sujet. La littérature (Apollinaire, Dorgelès, Barbusse) puis, l’art se passionnent pour ce conflit (Otto-dix, Tardi). Il est toujours possible aujourd’hui d’arpenter les lieux et  je tenais à vous livrer quelques adresses qui sont, selon moi, incontournables. Le chemin des Dames est en effet ponctué de différents lieux qu’il est nécessaire d’explorer.

Un des lieux à visiter en premier est Craonne. Craonne est un village devenu célèbre par la chanson des fusillés (Chanson de Craonne). Ce texte anonyme a pour origine une valse datant de  1911 intitulé «Bonsoir m’amour» de Charles Sablon. Cette valse est ensuite transformée par des soldats et  devient une chanson antimilitariste. Cette chanson est transmise oralement et connaît de nombreuses versions avant d’être imprimée sous sa forme la plus connue en 1919 par Paul Vaillant-Couturier. La chanson de Craonne a connu un grand succès.

Le chemin des dames est un pôle de mémoire essentiel et un lieu important pour comprendre un temps fort de la première guerre mondiale.

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Un des autres itinéraires incontournables  est la caverne du dragon. La caverne du dragon est un musée qui mêle galeries souterraines et scénographie contemporaine. Ce lieu qui était à l’origine une carrière souterraine propose aujourd’hui  une immersion dans le quotidien des poilus. En effet, cette  ancienne carrière de calcaire, investie par les Allemands dès 1915, est transformée en refuge et point idéal pour attaquer. Les Allemands transforment la Caverne en une  caserne avec des postes de tirs et un réseau d’électricité. A l’intérieur de celle-ci, des dortoirs sont  alors aménagés mais également, un poste de secours.

Il ne faut pas oublier que de nombreux circuits à pied sont également possibles afin de s’imprégner du terrain et des chemins parcourus par les soldats. Le plateau de Californie permet de voir les traces des tranchées. Sur ce plateau, la terre est encore marquée par la guerre et l’on y devine la chute de certains obus. Pour les passionnés de la Grande Guerre, ce lieu est incontournable. Il convient de venir et s’imprégner de la topographie des différents lieux pour mieux se rendre compte de la violence du conflit.

Pour les passionnés d’art, il est possible d’observer à côté du musée les sculptures monumentales de Christian Lapie. Cette oeuvre  nommée Constellation de la douleur  est constituée de neuf statues. Les statues n’ont pas de visages et  sont sans âge. Elles ont ainsi un aspect universel et permettent une identification des marcheurs. L’œuvre est une constellation permanente qui rappelle la douleur éprouvée sur ces lieux.

Le travail de Christian Lapie est une interrogation sur la mémoire. Ses installations à mi-chemin entre hommes et spectres naissent et émergent dans des lieux empreints d’histoire. L’artiste devient chez Lapie un géographe au service d’un devoir de mémoire.

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Une des autres œuvres incontournables du Chemin des Dames est la sculpture d’Haïm Kern intitulée «  Ils n’ont pas choisi leur sépulture. » Cette sculpture en bronze mesurant 4 mètres de hauteur  est d’abord installée au Plateau de Californie avant d’être dérobée en 2014. Elle est finalement refaite par l’artiste avant d’être installée en avril 2017 sur la terrasse de la Caverne du dragon.

Cette œuvre livre aux spectateurs des visages pris dans des barbelés et évoque de façon symbolique et extrêmement puissante la mort des soldats. Les têtes à l’allure juvénile viennent interpeller les promeneurs et les forcent à un jeu de regards presque insoutenable.

Il faut toutefois à l’avenir  redéfinir les enjeux commémoratifs. En effet, beaucoup de jeunes adultes ou mêmes adolescents ne se sentent pas assez concernés par les commémorations qu’ils jugent trop traditionnelles et pas assez percutantes. Il convient ainsi de se demander comment composer avec la technologie sans pour autant que celle-ci n’efface et fasse oublier le propos initial. La difficulté est de repenser les commémorations au regard des nouvelles préoccupations sociétales.

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